Avez-vous entendu parlé du paradoxe de la passion ? Une dynamique relationnelle qui affecte tous les couples, mariés ou cohabitant, heureux ou malheureux, qui, si elle n’est pas bien gérée, risque d’amener inexorablement les couples vers la séparation. Tous les couples sont aux prises avec le paradoxe de la passion. Seuls les couples heureux ont appris à bien le gérer.
Cette dynamique a très bien été décrite par Dean Delis et Cassandra Phillips dans leur livre Le paradoxe de la passion (https://www.amazon.ca/-/fr/DEAN-DELIS/dp/2221102320) C’est ce paradoxe qui fait que deux amants intimes, après quelques années de vie commune, deviennent deux ennemis intimes où ni l’un ni l’autre ne trouve la satisfaction de leurs besoins tout à fait légitimes d’intimité et d’espace.
Le partenaire désireux d’approfondir l’intimité se retrouve dans une position dite de dépendance affective et l’autre qui veut protéger son espace personnel dans une position dite de contre-dépendance affective. Aucune des positions n’est préférable à l’autre. Voyons si vous vous reconnaissez dans le portrait du dépendant (dit aussi dominé) ou du contre-dépendant (dit aussi dominant).
Le dépendant aime l’autre comme ce n’est pas possible. Il est prêt à tout pour faire durer la relation. Le dépendant est passionné et ne maitrise plus ses émotions. C’est lui qui perçoit les premiers signes d’éloignement et qui devient anxieux. Son amour embellissait son partenaire ; le risque de le perdre l’idéalise. Son prince charmant devient un roi dont le dépendant ne peut se passer. Il fait tout pour attirer son attention et son approbation.
Le dépendant constate les appels téléphoniques oubliés, les retards grandissants, la moindre fréquence des cadeaux, etc. La peur et l’espoir envahissent le dominé : la peur d’être rejeté, d’être dépossédé de son amour et l’espoir de sentir un peu de pouvoir dans la relation. Il veut reconquérir son partenaire et utilise les mêmes tactiques qu’au début de relation, ce qui fait fuir le contre-dépendant et accentue la frousse du dépendant.
Le dépendant pathologique est même prêt à sacrifier son identité à la relation. Ce dépendant devient un écho de l’autre : il ne veut surtout pas lui déplaire. Il angoisse et paralyse et toute son attention est centrée sur les stratégies pour reconquérir l’autre. Il se met à gaffer, ne sachant pas que le meilleur moyen de reconquérir un contre-dépendant, c’est justement de ne pas essayer.
Mais le dépendant est assuré, envers et contre tout, que l’AMOUR finira par venir à bout de tous les problèmes du couple. Il ne cesse de répéter ‹‹ Je t’aime ››. Et tout aussi souvent : ‹‹ Est-ce que tu m’aimes ? ›› Le désir sexuel du dépendant est exacerbé ; il en devient obsédé car chaque nouvelle relation sexuelle agit comme un baume sur ses craintes. Faire l’amour symbolise le plus grand désir du dépendant : la fusion avec l’être aimé.
Le dépendant vit aussi de l’ambivalence. Une ambivalence entre sa raison qui lui dit de quitter cette relation de souffrance et d’humiliation et son cœur qui répond qu’il n’a jamais été aussi amoureux de toute sa vie et que sans son partenaire ce serait la fin du monde.
Le dépendant refoule sa colère, son ressentiment, au début. Au début seulement, car sa frustration augmente ; mais sa colère, lorsqu’elle s’exprime, devient autodestructrice : il devient jaloux, possessif ; il peut parfois jouer à l’indifférence ; il peut même utiliser le chantage, voire le chantage au suicide. Parfois, il explose et devient violent, pour réaffirmer le pouvoir qu’il a perdu.
Le dépendant apparait toujours à première vue comme la victime du paradoxe. Mais, en fait, il est l’un des acteurs de cette dynamique et il entretient le paradoxe entre son besoin de fusion et le besoin d’autonomie de son partenaire contre-dépendant.
Les caractéristiques du contre-dépendant émotif
Le contre-dépendant passe pour le monstre dans la relation à deux parce que c’est lui qui se rapproche ou s’éloigne du dépendant. C’est généralement lui qui quitte et qui porte le fardeau de l’échec de la relation. On lui reproche, à tort, de ne pas s’être suffisamment occupé de l’autre, de ne pas avoir été assez aimant.
Si le dépendant vit l’angoisse du rejet, le contre-dépendant quant à lui vit un mélange de culpabilité, de colère, de désarroi, de doute et de frustration. Il sait le mal que son rejet pourrait faire à l’autre. Il hésite et redoute aussi la solitude après divorce.
Les contre-dépendants ont tendance à se chercher des excuses et la meilleure de ces excuses, c’est évidemment le travail ou les enfants. Le contre-dépendant diminue ses conduites de séduction. Son désir sexuel diminue progressivement. Il communique de moins en moins verbalement avec l’autre. Il s’enferme dans le silence, croyant ainsi acheter la paix.
Le contre-dépendant réalise souvent qu’il est piégé dans une relation avec quelqu’un qui l’aime et a besoin de lui, mais que lui n’est plus sûr d’aimer ou de pouvoir aimer. Il étouffe dans sa relation et il commence à regarder ailleurs et, parfois, il entretient une relation extraconjugale régulière ou des aventures compensatoires.
Le contre-dépendant se met de plus en plus souvent en colère contre le dépendant qui s’attache de plus en plus au contre-dépendant de peur d’être délaissé. Il se met aussi en colère contre lui-même de s’être laissé coincer. Et il se sent coupable de cette colère, d’être le salaud. Le contre-dépendant vit une ambivalence viscérale, une attirance et une aversion simultanées envers son partenaire.
Le contre-dépendant, ne pouvant prendre de décision, s’arrange pour gagner du temps. Certains vont même se marier ou avoir un 2e enfant en espérant que le TEMPS va arranger les choses. Certains se résignent ou abdiquent : de toute façon, il faut bien vivre avec quelqu’un. Il va aussi souvent proposer une séparation provisoire.
Alors que le dépendant vivra sa peine d’amour après le divorce, le contre-dépendant vit les pires affres avant de prendre la décision de quitter. Cette ambivalence démontre que le contre-dépendant aime encore son partenaire, mais qu’il est actuellement dans le second pôle du paradoxe, soit la tendance à la différenciation : « je t’aime, mais je ne suis pas toi et je ne peux pas répondre à tous tes besoins ; je veux m’occuper du couple, mais je dois aussi m’occuper de moi-même ».
Que faire ?
Évidemment, ni l’amour ni le temps n’arrangeront ce déséquilibre qui ne peut que s’intensifier avec le temps, malgré l’amour et la bonne foi des deux partenaires.
Si vous vous êtes reconnus dans l’une ou l’autre de ces positions à plus de 75 %, vous avez trois solutions possibles :
1. consulter en thérapie conjugale,
2. vous procurer le livre de Delis et Phillips ci-dessus référé ou
3. visionner la vidéo que j’ai enregistrée et qui résume le livre sur le paradoxe de la passion (https://yvondallaire.didacte.com/a/course/3814/description).
Dans les trois cas, vous apprendrez que le véritable coupable du déséquilibre n’est ni le dépendant qui met de la pression sur la relation ni le contre-dépendant qui résiste à l’intimité mais bien le paradoxe qui se joue au-delà de la conscience des deux partenaires. Les deux partenaires doivent se liguer contre le paradoxe pour rétablir l’équilibre.
Que ce soit en thérapie, en lisant le livre ou en visionnant la vidéo, vous apprendrez ce que le dépendant, le contre-dépendant et le couple peuvent faire pour rétablir l’équilibre relationnel et l’harmonie du couple à long terme.
Bonne chance !